Maître à bord
Azamara | Publié le 15 juillet 2010
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les dessous du travail et de la vie de capitaine, mais que vous n'avez jamais pu demander.
Le capitaine Isodoros Karamaounas est un marin d’expérience. Il a passé la moitié de sa vie en mer et il a navigué partout autour du globe. Début février 2010, il a répondu aux questions de GUIDE CROISIÈRE alors qu’il était dans le sud des Caraïbes aux commandes de l’Azamara Journey, l’un des deux
luxueux navires de la compagnie haut de gamme Azamara Club Cruises, une filiale de Celebrity Cruises.
GUIDE CROISIÈRE : Depuis combien d’années êtes-vous capitaine?
Isodoros Karamaounas : Depuis cinq ans, dont un an avec Azamara Club Cruises. J’en suis à mon deuxième contrat à titre de capitaine du Azamara Journey. Auparavant, j’ai travaillé durant 15 ans pour Celebrity Cruises.
G. C. : À quoi ressemble votre emploi du temps?
I. K : Au départ, le capitaine se doit d’être toujours disponible, sur simple appel, 24 heures sur 24 et sept jours par semaine. Sinon, la journée débute quelques heures avant l’arrivée du navire dans le port d’escale, il faut superviser les différentes manoeuvres d’accostage ou, quand le navire demeure en rade, gérer le transfert des passagers vers la terre ferme. En mer, je suis régulièrement présent à la passerelle en compagnie des différents officiers de garde. Pour nous, une croisière, c’est une succession quasi ininterrompue d’activités professionnelles, comme des exercices et des réunions, et d’activités sociales, comme le cocktail de bienvenue ou le repas de gala.
G. C. : Quel est l’aspect le plus difficile dans votre travail?
I. K : Être en mesure de pouvoir faire face à tous les défis inimaginables qui peuvent survenir à tout instant. Cela exige d’être bien préparé afin de pouvoir faire face à toute urgence qui peut nous tomber dessus d’un seul coup.
G. C. : Et l’aspect le plus intéressant?
I. K. : Le travail en lui-même, avec tous les défis qu’il comporte, et les rencontres avec des gens fort intéressants provenant de cultures et d’horizons si variés.
G.C. : Avec toutes les nouvelles technologies qui ont vu le jour depuis une décennie, est-il maitenant plus facile de manoeuvrer un navire de croisière qu’auparavant?
I. K. : Ah oui, c’est assurément plus facile.
G. C. : Devez-vous réussir de nombreux tests comme les pilotes d’avion, par exemple, doivent le faire?
I. K. : Tous les cinq ans, nous devons renouveler notre certification. Et nous suivons régulièrement des cours afin de découvrir et de maîtriser les plus récents développements dans la profession. Finalement, chaque accostage et appareillage se présente comme un test de nos compétences.
G. C. : Est-ce vrai que vous êtes le maître à bord, après Dieu?
I. K. : À vrai dire, c’est un mythe. Cela dit, le capitaine a la responsabilité ultime de tout ce qui se passe à bord et c’est lui qui a le dernier mot.
G. C. : Peut-on dire que l’équipage évolue dans un environnement semblable à celui des militaires?
I. K. : Il existe des règles qui sont regroupées dans un système que nous appelons Secu Quality Management System. Ce système existe afin d’assurer une cohérence et une équité parmi l’équipage, et la sécurité de tous et chacun.
G. C. : Est-il vrai que les membres d’équipage ne peuvent pas avoir d’histoire d’amour avec les passagers?
I. K. : C’est tout à fait exact. Cette règle permet ainsi d’éviter d’éventuelles fausses accusations de harcèlement.
G. C. : Est-ce que les officiers mangent la même chose que les passagers?
I. K. : Ils ont en effet le privilège de manger dans les différents restaurants accessibles aux passagers. Et ils mangent aussi souvent ensemble dans la cantine de l’équipage.
G. C. : Comment choisissez-vous les invités pour le repas de gala?
I. K. : La responsable du club d’anciens passagers identifie ceux qui voyagent le plus fréquemment à bord de nos navires. Nous tenons aussi compte des demandes spéciales que l’on nous adresse de temps à autre. Et le capitaine fait la sélection finale.
G. C. : Comment intervenez-vous dans la gestion des différents départements que l’on trouve en mer, comme l’hébergement ou la restauration?
I. K. : Je fournis aux directeurs des différents départements des orientations générales qui doivent être cohérentes. Je donne aussi des instructions au cours des nombreuses réunions que nous avons. Cela dit, le navire est un hôtel flottant qui fonctionne bien grâce à un travail d’équipe de tous les instants dans le cadre des politiques, des procédures et des directives établies par la compagnie.
G. C. : Sur une base annuelle, combien de fois êtes-vous à bord et combien de fois à terre?
I. K. : Fondamentalement, nous sommes à bord pour des périodes de trois mois. Donc, je me retrouve à terre deux fois par année.
G. C. : Avez-vous fait le tour du monde?
I. K. : Oui, plusieurs fois, puisque j’ai commencé à naviguer en 1983 à bord de navires de marchandises.
G. C. : Quelle est votre destination favorite? Et le port d’escale que vous préférez?
I. K. : Mon port favori est le Pirée, en Grèce, vu que c’est mon port d’attache! Quant à la destination, j’avoue que j’ai du mal à choisir entre la Méditerranée, l’Alaska et Hawaï.
G. C. : Quelles sont les grandes différences entre Azamara Club Cruises et d’autres compagnies de croisières?
I. K. : Les plus petits navires favorisent une plus grande impression de famille. Et les escales se font souvent dans des endroits moins connus et visités.
G. C. : Quels conseils donneriez-vous à un jeune capitaine débutant sa carrière?
I. K. : Premièrement, pour bien faire ce travail, il faut l’aimer sans restriction. Deuxièmement, il faut aimer et surtout, respecter la mer. Sinon, elle peut s’avérer dure, voire impitoyable.