La touche britannique
Cunard | Publié le 15 juillet 2010
Visite quidée du Quenn Victoria, un navire de luxe suranné dans la plus pure tradition de la compagnie britannique Cunard Line
C’est vrai que de l’extérieur, le Queen Victoria (90 000 tonnes) ne fait pas le poids avec le Queen Mary 2 (150 000 tonnes), l’autre paquebot de la compagnie propriétaire Cunard Line. En vérité, si ce n’était de la fameuse cheminée rouge caractéristique des navires de la légendaire compagnie britannique, le Queen Victoria semblerait un navire de croisière comme tant d’autres.
La perception change, toutefois, une fois à l’intérieur. Nous plongeons dans un univers au luxe suranné dans la plus pure tradition initiée par Cunard Line, il y a maintenant 170 ans pile! D’ici le lancement du navire soeur Queen Elizabeth en octobre prochain, le Queen Victoria est le fier et plus récent représentant d’une longue lignée de quelque 150 liners de Cunard Line qui ont traversé avec éclat océans et décennies, transportant autant soldats et immigrants qu’aristocrates et stars de tous les horizons.
Le Queen Victoria débute chaque nouvelle année par un tour du monde d’une durée de plus ou moins 80 nuits (84 au départ de Los Angeles en janvier 2011). Suivent des croisières allant de quatre à 17 nuits dans différents pays d’Europe. La clientèle est largement composée d’aficionados de la grande histoire cunardienne, en grande majorité des citoyens britanniques d’un âge certain.
Comme toujours, le luxe se paie, c’est aussi vrai en mer. Les tarifs des croisières du Queen Victoria, même les plus courtes, sont assez élevés. L’autre hic, c’est que Cunard Line a conservé cette désagréable tradition de séparation de classes. Certaines zones de ses navires ne sont pas accessibles au commun des passagers, un peu plus de 2 000 dans le cas du Queen Victoria, seulement aux occupants des suites. Jamais agréable de se retrouver devant un panneau d’exclusion.
Nous avons profité du premier passage du Queen Victoria au port de Québec, en octobre 2009, pour vivre une immersion totale dans un autre univers et même dans une autre époque, celle de la splendeur victorienne de l’ancien empire britannique recréée avec éclat à bord du Queen Victoria. Impression générale : le navire est certes éblouissant à maints égards, mais quelques zones s’avèrent décevantes, tout particulièrement le jardin d’hiver, surtout en comparaison avec celui du Queen Mary 2. Au final, tant qu’à payer cher, aussi bien s’offrir le plus grand liner de tous les temps qui, lui de surcroît, vient chaque année en Amérique du Nord à quelques reprises.
Entre-temps, bonne promenade dans les pages suivantes sur les différents ponts du Queen Victoria qui sillonne toutes les mers depuis son inauguration en décembre 2007.
Spa royal
Le sens du détail inhérent à tout déploiement de luxe se constate de visu dans le Cunard Royal Spa du Queen Victoria, dont une partie se prolonge sur un deuxième pont, tout à l’avant du navire. Après un massage dans l’une de la douzaine de salles intimistes et une baignade dans la petite piscine intérieure aux eaux tièdes, les clients portant robe de chambre et pantoufles maison s’allongent sur de longues chaises aux confortables coussins bleu royal brodés d’armoiries or après s’être épongés avec une serviette blanche imprimée aux couleurs fétiches de la compagnie, le rouge (de la cheminée) et le noir (de la coque).
Bal et spectacles
À bord du Queen Victoria, les smokings et robes de soirée sont de mise pratiquement tous les soirs. Tout particulièrement lorsque l’on va danser au Queens Room, immense et majestueuse salle de bal le soir, et salle de thé l’après-midi servi avec cette touche britannique par des serveurs aux mains gantées de blanc qui traitent les passagers comme des membres de la royauté. L’élégance vestimentaire est également incontournable au Royal Court Theatre, une très belle salle de spectacle haute de trois ponts et bordée des deux côtés de balcons privés, comme dans les grands opéras de ce monde. Pour rendre la soirée inoubliable, on peut opter pour le forfait Royal, consistant en une sélection de canapés, desserts, chocolats et champagne ainsi qu’une visite dans les coulisses et une rencontre avec les membres de la distribution. Autre endroit original : Hemispheres, la seule discothèque panoramique à 280 degrés en mer, qui trône tout au haut du navire.
Art maritime et déco
Pratiquement tous les tableaux qui ornent les couloirs et murs du Queen Victoria sont soit d’inspiration maritime, soit représentatifs de la magnificence de l’art déco. Ces oeuvres reproduisent quelques-uns des dizaines et des dizaines de navires qu’a lancés Cunard Lines au fil des décennies, sans compter plusieurs modèles miniatures. Les peintures art déco, parfois d’éclatantes couleurs, parfois tout de noir et blanc, reproduisent surtout d’élégantes dames dans des lignes et des courbes fort gracieuses. La plus belle oeuvre est sans doute celle qui rehausse le décor du Champagne Bar, un longue toile demi-circulaire évoquant le départ d’un liner de Cunard Lines sous les salutations de la foule, une touchante tradition qui s’est perdue avec le temps.
Musée en mer
Seul musée en mer, Cunardia témoigne du rôle majeur de Cunard Line dans l’histoire du mouvement migratoire de l’Europe vers les États-Unis. Près d’un immigrant sur cinq ayant transité par Ellis Island, à New York, est en effet arrivé à bord d’un navire de Cunard Line. Quelques vitrines renferment des artefacts, des photographies, des miniatures et différents objets de collection se rapportant à l’époque glorieuse du Queen Mary (lancé en 1936), du Queen Elizabeth (1940) et du Queen Elizabeth 2 (1969). On note particulièrement la présence de la réplique du trophée remis au paquebot de croisière ayant traversé l’Atlantique le plus rapidement. Ce grand honneur, ardemment convoité par plusieurs compagnies et pays, Cunard Line l’a décroché à plus d’une trentaine de reprises tout au long de l’âge d’or des traversées transocéaniques.
Shopping à la victorienne
Le Queens Arcade propose tous les grands produits britanniques, des bonbons Taveners aux luxueux cachemires en passant par des vestes en tweed. Cette vaste zone de 4 000 pieds carrés regroupe une dizaine de boutiques réparties sur deux ponts reliés par un large escalier en éventail.
Cuisine pour tous les goûts
Spontanément, on associe la haute gastronomie à la France ou à l’Italie, plus rarement à l’Angleterre, le pays d’origine du propriétaire du Queen Victoria. Mais la qualité gastronomique est au rendez-vous. D’abord, au restaurant principal Britannia qui, sur deux ponts, accueille 900 passagers par service. Une restriction de taille : les deux meilleurs restaurants, le Queen’s Grill et le Princess Grill, ne sont pas accessibles au commun des passagers, juste à ceux occupant une suite. On peut se rabattre, moyennant des frais de 20$ à 30$ par personne, sur le restaurant spécialisé Tood English, du nom d’un chef ayant un restaurant réputé à Boston. On peut aussi se régaler le midi de mets typiquement britanniques dans une ambiance de pub typique au Golden Lion Pub. Le restaurant-buffet Lido propose de son côté un large éventail de plats ainsi que des soirées thématiques axées sur la cuisine d’un pays, comme l’Inde ou l’Italie, ou sur un type de plats, comme les fondues.