Loin des soucis de la terre ferme
Histoire | Publié le 12 octobre 2009
Ah, ce fichu mal de mer! Par deux fois, cet après-midi-là, le paquebot tangua à un point tel que les deux piscines se vidèrent presque complètement. Et les ponts aussi! Nombre de passagers cherchèrent refuge dans leur cabine. Ou réconfort auprès du médecin de bord. Cette scène, je l’ai vécue lors de ma toute première croisière à l’été 1985. Le moindre sursaut de la mer se répercutait dans l’ensemble du navire. Les plus récentes technologies ont pour effet de réduire de façon notable les effets désagréables du roulis et du tangage. Par exemple, les barres stabilisatrices, qui sont déployées de chaque côté du navire lorsqu’il prend le large, augmentent sa stabilité de quelque 70%. De nos jours, la mer doit être déchaînée pour que ces technologies ne fassent pas effet.
Quitter et longer en navire des villes comme New York, Miami, Vancouver ou Nice est un spectacle imbattable. Je fais partie de ceux qui croient qu’aucun autre formule de vacances ne suscite autant l’émerveillement que les croisières. Aborder à l’aurore par lamer de splendides endroits comme Curaçao, San Franscisco ou Portofino, constitue le plus beau des réveils. On se retrouve aux premières loges d’une ville, ou d’une île, transformée endécormobile. Le soir, la magie est encore plus intense au gré de couchers de soleil d’autant plus spectaculaires qu’ils s’étirent dans l’infinide l’horizon.
La croisière est une formule de vacances de plus en plus populaire, sans doute parce que tous les excès sont permis. D’un côté comme de l’autre. Ne rien faire ou ne rien manquer. Le farniente absolu ou la fébrilité de tous les instants, qui se concrétise en égrenant les deux pages d’activités quotidiennes du journal de bord. Chaque passager peut composer ses propres vacances à la carte. L’un profitera de toutes les escales, un autre demeurera à bord du bateau, participera auxdifférentes activités sociales, comme le bridge, la danse ou les concours inventés par l’équipe d’animation, et assistera aux spectacles soir après soir.Un autre préférera les activités sportives, fréquentera la salle de gym, les piscines, les bains saunas, tourbillons, à vapeur, et ira au buffet du soir en tenue décontractée. Un autre sera au spa tous les jours pour découvrir les bienfaits des différents types demassage, puis ira au salon de coiffure avant de revêtir ses plus beaux atours pour le repas du soir à cinq ou six services au restaurant principal.
Là où tout le monde se rejoint, c’est dans l’insouciance. Ce sentiment s’impose comme le seul maître à bord. Loin du quotidien, la réalité bascule par-dessus bord. On ne se préoccupe plus que des caprices du soleil, du vent et de la mer. On se retrouve à mille lieux des soucis de la terre ferme. Cela n’a pas de prix en notre époque survoltée. La croisière est une formule pleine de paradoxes. On perd la notion du temps tout en pouvant profiter intensément de chaque seconde. Et l’on revient sur terre fatigué physiquement, mais si reposé mentalement. Avec le sentiment d’avoir été plongé dans un univers à part. Presque irréel.