Dans le ventre du géant
Royal Caribbean | Publié le 15 décembre 2009
Entrevue avec un membre d’équipage québécois de l’Oasis of the Seas réalisée pendant le tout premier voyage de ce parc d’attractions flottant pour 5 400 passagers!
GUIDE CROISIÈRE a interviewé le 8 novembre dernier l’officier mécanicien Martin Lavoie, l’un des membres d’équipage québécois de l’Oasis of the Seas, alors que le navire avait quitté le chantier de construction de Turku, en Finlande, et qu’il traversait l’Atlantique pour la première fois pour se rendre à son port d’attache en Floride en vue de la croisière inaugurale du 1er décembre 2009.
GUIDE CROISIÈRE : Combien y a-t-il de Québécois parmi les quelques 2 150 membres d’équipage de l’Oasis of the Seas ?
Martin Lavoie : Nous sommes une quinzaine de Québécois au total. On les retrouve dans tous les départements, que ce soit au bar, à la navigation, à la mécanique, dans l’équipe de production des spectacles ou encore, comme photographe.
G.C. : Sur quels navires avez-vous travaillé précédemment?
M.L. : J’ai travaillé à bord du Radiance of the Seas, un 90 000 tonnes, durant deux ans. Puis, l’année dernière, j’ai fait partie de l’équipe de départ de l’Independence of the Seas, qui était alors le nouveau plus gros paquebot de croisière au monde, avec ses 160 000 tonnes. Cette expérience m’a permis de faire maintenant partie de l’équipe inaugurale de l’Oasis of the Seas. Je suis aussi sur la liste pour faire partie du tout premier équipage de l’Allure of the Seas l’année prochaine.
G.C. : Comment vos collègues réagissent-ils au fait que vous faites partie de l’équipage du plus gros paquebot de croisière au monde?
M.L. : Je peux dire sans me tromper que mon entourage est vraiment fier. Cela dit, ça fait un bout de temps que je suis parti du Québec, je suis en Finlande depuis le 25 mai dernier dans le cadre d’un contrat de 7 mois qui se termine donc à la fin de décembre 2009.
G.C. : Quelles ont été vos toutes premières impressions quand vous êtes embarqués à bord?
M.L. : Ma première réaction a été de me dire que le navire était très large et qu’il n’y avait rien dans le milieu. Même si au moment où je réponds à vos questions, le Central Park n’est pas encore complété et qu’il faut notamment installer tous les arbres, je trouve que cette zone est très impressionnante.
G.C. : Quels sont vos endroits favoris?
M.L : Il y en a plusieurs. Le Schrooner Bar, le steakhouse Chops Grille et la pizzaria Sorrentos.
G.C. : Est-ce que la taille du navire a un impact sur votre travail?
M.L. : Non, pas vraiment. Peu importe la taille du navire ou le nombre de machineries, je n’ai pas de problèmes avec ça. L’Institut maritime du Québec m’a donné de très bons outils pour être performant dans mon domaine, merci aux professeurs.
G.C. : Quelle est la nature de votre travail?
M.L. : Je suis principalement en charge de l’entretien, de l’inventaire, des commandes de pièces et de l’opération de machineries spécifiques, comme le Azipod * 3 pour la propulsion du navire, le propulseur d’étrave * 4, les reverse osmoses * 2 et les évaporateurs* 4 pour la production de l’eau potable ainsi que de différents équipements pour la distribution de l’eau potable et le contrôle de la qualité de l’eau. Cela dit, il faut être très flexible et polyvalent. Car, comme l’Oasis of the Seas est le tout premier navire d’une nouvelle classe, différentes tâches apparaissent au fur et à mesure que l’on se familiarise avec le navire. Nous avons été si occupés que même si je suis à bord de l’Oasis of the Seas depuis cinq mois, je n’ai pas encore eu le temps d’essayer le zip-line.
G.C. : Quel est l’aspect le plus difficile dans votre travail? Et le plus valorisant?
M.L. : Le plus difficile est sans aucun doute de partir de la maison. Le plus valorisant est de pouvoir opérer toute cette machinerie avec une grande équipe de coéquipiers en qui nous avons pleinement confiance. Cela dit, la machinerie est vraiment impressionnante, comme on peut le voir sur la photo ci-contre qui montre l’un des trois Azipod de l’Oasis of the Seas. Ceux-ci peuvent tourner chacun à 360 degrés et sont capables de pousser le navire jusqu’à 24 noeuds. À l’intérieur de chacun des Azipod se trouve un moteur électrique de 20 méga-watts relié à l’hélice. Au total, la puissance de propulsion s’élève à 97 020 kw.
G.C. : Pensez-vous que la limite est atteinte ou est-il possible de construire un paquebot de croisière encore plus gros?
M.L. : Il y aura toujours des architectes qui pourront dessiner des navires plus gros. Mais ils devront notamment consulter des mécaniciens d’expérience pour être sûr que ce nouveau navire pourra être bien entretenu et ce, en peu de temps. Car, on n’a pas une minute à perdre. La vie et le bien-être de 7 000 personnes sont en jeu.
G.C. : Décrivez-nous l’ambiance qui règne à bord au fur et à mesure que vous vous approchez de Fort Lauderdale, qui sera le point de départ la croisière inaugurale prévue le 1er décembre prochain?
M.L. : Comme je le dis depuis que nous avons quitté la Finlande à la fin d’octobre dernier, il y a une ambiance de séries éliminatoires! Parce qu’il y a encore plein de travaux à terminer au moment où l’on se parle, quoique la plupart d’entre eux sont de petite envergure. Mais l’ambiance à bord est bonne, car nous savons que tout sera prêt pour le voyage inaugural.